Retour sur notre rencontre avec Corinne Engel, cheffe pâtissière et maître confiturière expatriée à Miami, où sa marque Madeleine and Co, fondée en 2017, cartonne !
D'aussi loin qu’elle s’en souvienne, Corinne a toujours mangé des produits authentiques et de qualité. Elle grandit dans la banlieue lyonnaise bercée par la culture gastronomique qui nourrit son amour pour la bonne nourriture.
Ses vacances, elle les passe dans la famille de sa mère, dans un environnement agricole : « Je participais aux moissons, j’allais chercher les œufs au poulailler, je goûtais le lait de chèvre encore tiède », se souvient-elle dans un sourire. C’est également là-bas, qu’elle réalise ses premières confitures, sous l’œil attentif de sa tante, qui lui a tout appris.
Si elle arrête le lycée avant d’obtenir son baccalauréat, cela n’annihile pas ses ambitions. A 20 ans, elle inaugure son premier restaurant porte de Vanves, à Paris. Sa sœur en salle et elle en cuisine, les deux jeunes femmes font chaque jour près de 150 couverts. « C’était un restaurant comme je les aime : simple, sans prétention, avec de bons plats faits maison », confie la cheffe autodidacte. Mais, après un an d’activité, Corinne se voit obligée de mettre fin au restaurant en raison de problèmes de santé.
Une fois rétablie, elle est embauchée en tant que commerciale dans le secteur de l’imprimerie. Au cours de ses dix années d’expérience dans l’entreprise, Corinne s’initie, au détour de déjeuners d’affaires, au monde des restaurants gastronomiques et des grands crus. Puis, elle reprend les études, qui lui permettent de devenir gestionnaire de service dans les domaines de l’analyse financière, de la communication et du management.
Elle renoue finalement avec son amour de la cuisine en ouvrant un salon de thé à Senlis : « C’était bien plus qu’un salon de thé : il y avait un espace dégustation et vente de thés,
mais je faisais aussi des salades le midi, des pâtisseries l’après-midi, et je proposais une fois par mois des dîners œnologique imaginés autour d’une appellation de vin ».
Elle finit par le vendre pour travailler ponctuellement en tant que cheffe dans les restaurants
de ses amis, dont un possède un établissement à Chantilly.
En 2007, elle rend visite à son fils qui étudie à New-York, et en profite pour découvrir Miami: « J’allais souvent aux États-Unis, mais je n’avais jamais mis les pieds à Miami, ça a été un véritable coup de cœur : j’y ai acheté un logement, et je ne suis jamais revenue !», s’exclame-t-elle. Là-bas elle prend six mois de cours d’anglais, et en profite pour se former en cake design : « J’ai été assez déçue : l’apparence des gâteaux était parfaite, mais le goût n’y était pas », déplore-t-elle.
Elle rentre brièvement en France pour apprendre l’art de la production professionnelle de
confiture aux côtés du célèbre Jean-Paul Gaucher. Séduit par son savoir-faire, il lui propose
de co-animer ses ateliers et d’y enseigner certaines de ses recettes. Véritable mentor pour la confiturière, il la conseille : « Il faut que tu passes un diplôme, sinon tu ne seras jamais
reconnue à ta juste valeur », explique-t-il. Elle s’exécute et obtient son CAP pâtissier en candidat libre.
En 2017, l’aventure Madeleine and Co débute. Le nom de sa marque est un clin d’œil à ses
anciennes activités : « Quand j’avais mon salon de thé en France, je faisais énormément de
madeleines ». Elle commence à produire chez elle, puis loue une cuisine commerciale. Côté vente, elle participe à des marchés, mise sur son réseau et le bouche-à-oreille. Rapidement, les clients affluent.
Mais, Corinne met en garde sur les envers du décor de l’« American Dream » : « Aux Etats- Unis les loyers sont très élevés, le prix du beurre est multiplié par trois, les procédures d’inspection sont strictes et peuvent allonger considérablement les délais ». Pourtant, lancer son business aux Etats-Unis présente aussi des avantages : « La mentalité est différente, il est très courant de se reconvertir professionnellement » ; « Le public étatsunien est réceptif, il est assez simple de lui vendre un produit, car il est sensible à l’histoire et aux traditions qui se cachent derrière, comme la galette des rois, ou l’éternel débat pain au chocolat VS chocolatine ! ».
Mais pour la maître confiturière, il n’est pas question de se limiter aux recettes préalablement imaginées en France, mais d’en développer de nouvelles, en s’inspirant de son nouvel environnement. « La proximité avec l’Amérique du Sud nous permet d’avoir plein de fruits exotiques que je ne connaissais pas avant d’emménager, dont le sapote mamey que j’adore ». Elle essaye aussi d’aller vers des créations qui sortent de l’ordinaire, comme la confiture cerise noire - ail noir – piment ou la fraise - betterave – rose. La singularité de certaines, comme la gelée de lavande ou la figue – chocolat – orange, lui a même valu de remporter des prix.
Récemment, Madeleine and Co a pris un nouveau tournant, et propose désormais une
gamme de pâtes de fruits et de chocolats.
En 2021, la commerçante fonde l’association FAACT « French American Association of Crafts and Trades » pour accompagner les artisans qui souhaitent s’installer en Floride. L’objectif ? Leur éviter de mauvaises surprises : «Beaucoup d’artisans se font escroquer, je veux lutter contre ça : il n’y a rien de pire que de mettre ses économies de toute une vie dans un projet et de tout perdre ».
La corporation organise aussi différents évènements pour favoriser l’artisanat : concours de
la meilleure galette des rois, de la meilleure baguette, marché de Noël, il y en a pour tous les goûts ! Son conseil pour ceux qui rêvent de lancer leur business à l’étranger ? Avant de
partir, faire ses calculs et travailler sur le volet administratif, et se préparer au manque des
proches restés en France qui peut parfois être difficile : « L’herbe n’est pas plus verte ailleurs, elle a un goût différent ».
Pour Madeleine and Co, la française a de nombreux autres projets en tête : mettre en place
un système de collecte des mangues dans les jardins des particuliers pour les transformer en confitures, créer sa pâte à tartiner puis la décliner dans une version allégée, vendre des pâtisseries sur commande, et pourquoi pas proposer ses produits dans des hôtels de luxe en Floride.
Son combat associatif continue également : elle voudrait organiser un salon des métiers
d’arts en 2024, et réfléchit à une collaboration avec la Chambre des métiers et de l’artisanat
pour former des locaux au savoir-faire français, avec l’aide de professeurs de l’Hexagone.
Et si vous êtes de passage à Miami le 2 avril prochain, n’hésitez pas à passer au marché de Pâques organisé par la FAACT !
Page Facebook Madeleine and Co : https://www.facebook.com/MadeleineandCoFL/
Instagram Madeleine and Co : https://www.instagram.com/madeleineandcofl/
Page Facebook FAACT : https://www.facebook.com/FAACTUSA/
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